Environnement concurrentiel

 

De napster à deezer.com


Depuis l’émergence de Napster (1er grand site de téléchargement illégal), l’internet a révolutionné le paysage musical. Le modèle économique ancien avant le web reposait sur les recettes suivantes :des maisons de disques réalisaient des ventes très importantes de disques, principale source de leurs revenus, et produisaient ensuite des concerts associés, commercialisant aussi dans une moindre mesure des produits dérivés. Le disque d’or, aujourd’hui une pièce de musée, venait consacrer le succès commerical.


L’introduction du téléchargement a engendré deux bouleversements fondamentaux du marché : la démocratisation massive de la fraude sur les contenus (napster, puis kazaa, limewire,…), et l’émergence de nouveaux acteurs commerciaux de grande ampleur (iTunes, Fnac.com en France,…).


La réaction des maisons de disques a été avant tout défensive, caractérisée par un effort légal ou juridique (procès contre les « pirates » internautes) et un important lobbying auprès des pouvoirs publics pour obtenir des législations strictes contre le téléchargement. Cela a suscité, en France, notamment, plusieurs procès soldés par des condamnations d’internaute, ainsi que la loi dite DADVSI. Le récent rapport Olivennes, remis au gouvernement à l’automne 2007 prolonge ce débat, en proposant de priver d’abonnement internet les pirates avertis plusieurs fois auparavant.


Mais cette approche semble aujourd’hui désuète, dans la mesure où le téléchargement illégal (comme légal) semble, après le disque, à son tour amené à disparaître. En effet, alors que les contenus fusionnent progressivement (télévision, internet, musique,…) révolutionnant les médias, l’internet est venu remettre en cause la nécessité d’être propriétaire du contenu. Pourquoi, en effet, payer ou télécharger un film que l’on peut visionner gratuitement sur youtube.com ou dailymotion.com, ou un album que l’on peut écouter sur deezer.com ou songza.com ? Ces sites de diffusion proposent un modèle qui sort de l’alternative achat/peer-to-peer illégal en proposant un service à la demande adapté aux désirs du client. Ils ont souvent, comme deezer, des accords avec la SACEM (autorité française de contrôle de la diffusion) et les maisons de disques (notons qu’Universal a refusé de signer une convention avec deezer). A terme, ces moyens de diffusion à la demande seront 100% légaux et reverseront aux artistes et aux intermédiaires, constituant un modèle économique nouveau.


Dans ce cadre, les maisons de disque sont appelées à mourir ; les survivants seront désormais des maisons musicales ou de musique. Ce tournant stratégique est inégalement appréhendé parmi les majors : il sera sans doute un critère de survie. Ces maisons musicales tireront leurs bénéfices des revenus issus de concerts, de produits dérivés, de royalties liées à l’utilisation filmée ou publicitaire de la musique, sites légaux de radio à la demande générant des revenus de royalties. Comme on le voit, dans le nouveau modèle, le web tient une place essentielle.


Cette situation a pour effet d’ouvrir la production, la promotion à de nouvelles maisons et de nouveaux artistes, qui peuvent désormais passer outre les lourds coûts de production et de distribution des maisons de disque d’antan.


MyMajor est un précurseur, un représentant de cette nouvelle vague et de l’économie numérique de la musique de demain. La maison intègre la révolution des contenus et de la distribution amenée par le web, mais aussi les possibilités offertes aux communautés virtuelles par le web 2.0. L’entreprise, par une démarche communautaire (d’aficionados, de fans) tient d’un Facebook musical. Par sa dimension participative (les fans sont codécideurs du processus de production, ils suggèrent les nouvelles orientations des artistes, coéditent les clips, participent à la création et à la production, dont ils deviennent des acteurs), le site tient de désirsd’avenir. Enfin, en offrant exclusivités et visionnages « en bonus » gratuits, le site est un mélange original de youtube, d’iTunes et d’un site de fans. On voit donc que le modèle MyMajor est au croisement des potentialités du web 2.0.


MyMajor s’apparente au site allemand Sellaband (http://www.sellaband.com/). Néanmoins, ce modèle est en France et dans de nombreux pays inédit.